La relation étroite avec les artisans fait partie intégrante de mon travail. J’ai toujours été fasciné par leurs mouvements, leurs mains et leurs outils polis, sales, rugeux et écorchés. 

Les outils que je récupère sont pour moi des êtres vivants, comme l’écrit Patti Smith dans son livre «M Train» sa façon romantique de parler à ses objets me touche particulièrement. Une idée spirituelle japonaise dit qu’un objet de plus de 100 ans possède une âme. Le concept esthétique japonais du wabi-sabi qui relie deux principes : Le wabi fait référence à la plénitude et la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels, et le sabi, la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes.

Ce centenaire de bois a été pétrifié par le feu grâce à la technique japonaise ancestrale du Shou Sugi Ban et sa surface est maintenant charbon, il ne devrait pas bouger pendant les deux prochains siècles. Il sera pour tout ce temps uni à ce souffle cristallisé et contraint.

Ces deux objets contrastés, l’un rugueux, noir de charbon, et l’autre transparent et lisse sont unis, créant une tension entres eux, un équilibre, un fluide. La main de l’homme peut briser leur union. Cette bulle de verre est une expiration. Elle représente notre oxygène, notre air, notre esprit. En récupérant ces outils auprès d’une famille d’artisan de père en fils, dont leur nom «BERGMAIR» est gravé dans la matière, mon intention était de redonner un souffle, une âme à ces objets oubliés qui servait à un travail de labeur demandant un effort soutenu et de grande ténacité. 

Pour le titre, je me suis inspirée du texte écrit en 1965 «Specific Objects» de Donald Judd et de son rapport radical à la forme, à la matière et à l’espace.